En 1995, j'ai eu la chance d'assister au spectacle de David Copperfield au Palais des Congrès de Paris. J'étais jeune militaire "appelé du contingent" et on m'avait proposé 3 places pour 100 francs. Une aubaine quand on sait qu'à l'époque déjà le tarif normal avoisinait les 500 francs (75 euros actuels).

Quelques années auparavant, j'avais pu découvrir l'artiste à la télévision : des extraits de ses shows circulaient. On le voyait traverser la muraille de Chine, faire disparaître la Statue de la Liberté, s'évader d'une prison qui explose... Bref, du grand spectacle. Trop sans doute, parce que j'avoue que ça ne me touchait pas plus que ça.

En 1995, je pratiquais l'art magique depuis 6 ans et Copperfield n'était absolument pas mon idole. Cependant, quand on vous propose des places à pas cher pour aller voir une "star", vous vous laissez embarquer. Et j'ai d'ailleurs emmené avec moi deux amis de l'époque, dont un n'était absolument pas fan de magie.

Je vous passe les détails, mais il s'agissait du spectacle ou Copperfield présentait son flying, mais aussi la cabine spirite, la scie etc... Et bien, j'en suis ressorti bouleversé. Vraiment. Je n'avais jamais vu ça. Autant à la TV, ce qu'il présentait me semblait too much, autant en live c'était du grand art. Pour la première fois, j'ai eu l'impression de voir un vrai magicien.

Le camarade qui n'aimait pas la magie est sorti sans rien dire tandis qu'on échangeait avec l'autre copain. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard qu'il a sorti son premier mot : "c'est quand même incroyable". Jean Jacques, c'est son prénom, a je pense ce jour là changé d'avis sur le monde magique. Il était devenu fan.

David Copperfield est un grand artiste. Je ne sais pas si vous le saviez, mais bien avant d'être une star de la magie, il a joué dans une comédie musicale : car le monsieur sait aussi chanter et danser ! Je crois sincèrement qu'il est né pour être en haut de l'affiche.

Dix ans plus tard, en 2005, il est revenu à Bercy pour un nouveau spectacle. Ceux qui s'attendaient à un déluge de grandes illusions ont été déçus : dans ce nouvel act, David a présenté une magie plus interactive que, personnellement j'ai adoré. Pourquoi ? Parce qu'ayant vu le premier opus, j'ai trouvé très fort qu'il sache aussi faire rire son public... tout en faisant apparaître ici et là une moto ou une voiture, histoire de se rappeler au bon souvenir des amoureux de la grande illusion.

Mieux : David Copperfield ne travaille pas seulement pour le grand public, il joue aussi pour les magiciens. Car il sait que c'est son premier public. Et là, en tant que professionnel, je n'ai pu qu'être admiratif. Il a su créer des illusions déstabilisantes même pour les magiciens. Il n'y a guère que lui et Juan Tamariz capables d'une telle prouesse. Ainsi, à un moment donné, Copperfield disparaît au-dessus du public avec un spectateur (complice en fait) pour réapparaître sur une plage filmée en permanence.

La disparition est de toute beauté et sacrément bien imaginée.

Si un jour vous avez l'occasion d'aller voir un de ses spectacles, à Las Vegas ou lors d'une tournée, foncez-y. Pour moi ça reste LA valeur sûre de l'art magique.