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Réflexion magique : Faire de la magie ou être magicien ?

samedi 18 décembre 2010 à 00h00 - 3 commentaires - 5883 lectures

Albert GoshmanA l'heure où on parle de "magie nouvelle" ou "renouveau" de l'art magique, une chose est certaine, l'intérêt du grand public pour la prestidigitation grandit chaque année. Et pas seulement au niveau des spectacles, mais bien aussi de la pratique. Si la FFAP revendique 1500 magiciens adhérents, le nombre d'amateurs et professionnels doit largement dépasser les 50.000 (et même sûrement plus).

Sur Club de Magie, vous êtes plus de 25.000 inscrits, tous pays francophones confondus, dont 90% en France. Évidemment, vous n'êtes pas 25.000 à pratiquer régulièrement, mais tous vous avez, au moins une fois, manifesté votre intérêt pour cet art si subtile qu'est l'illusionnisme.

Quand j'ai débuté mes premiers spectacles, en région rennaise, il y avait très peu de professionnels. Aujourd'hui, rien que dans notre région, il doit y en avoir une bonne quinzaine à prétendre en vivre. Sans compter ceux qui arrondissent leurs fins de mois en cumulant leur emploi et leur passion.

L'enjeu aujourd'hui est de dépasser la phase du simple montreur de tours. Il y a encore quelques années, le magicien pouvait se contenter d'acheter des tours "prêts à l'emploi" dans différentes boutiques et le présenter le soir même. Devant un public profane, qui n'avait pas l'habitude de voir un magicien "en vrai", ça fonctionnait. L'artiste, sans jeu de mots, faisait illusion.

En 2010, cette époque est révolue. La plupart des gens, notamment dans les grandes villes et environs, ont déjà eu affaire à un magicien : en close up, sur scène etc... Ils sont également habitués à voir des artistes de haut niveau à la télévision. L'excellente émission de Patrick Sébastien "Le Plus Grand Cabaret du Monde" nous rappelle d'ailleurs combien la créativité, le talent et la pratique sont les composantes essentielles d'un bon numéro.

Il ne suffit donc plus de présenter des tours "tout fait", de lire le mode d'emploi du dernier truc à la mode. Dans le cercle familial, à titre privé, ça peut marcher. Mais dès lors que vous vous lancez dans le spectacle, que vous vous vendez comme artiste, ça n'est plus possible. Et c'est une bonne chose. Car de montreur de tour, vous devez devenir "magicien".

Dans un précédent billet sur le débinage, je minimisais le risque de voir le patrimoine magique révélé au grand jour. Car ce qui fait la magie, au-delà du tour, c'est bien l'artiste.

Albert Goshman (photo ci-dessus) lui-même le dit et le répète : "Ne faites pas des tours de magie, soyez la magie". Fred Kaps, Slydini et l'incroyable et regretté Tommy Wonder incarnaient parfaitement la magie :


La construction de ses routines, sa façon d'exploiter les temps forts, les temps faibles, son génie du timing : Tommy Wonder restera à tout jamais l'un des plus grands magiciens de son temps.

Incarner la magie, c'est un concept difficile à expliquer à tout jeune magicien qui débute et dont la préoccupation est "d'assurer", c'est à dire de ne pas rater ses tours. Ce qui en soit est déjà un challenge évident. C'est un concept difficile à expliquer parce qu'on devient magicien avec le temps et la pratique. On estime qu'il faut 10.000 à 15.000 heures de pratique pour devenir un expert.

Nous avons eu la chance, avec l'équipe, de pratiquer, pratiquer, pratiquer dans des conditions souvent très complexes à travers Magi'Malice. Imaginez : du matin 10h00 jusqu'au soir 19h00, avec une pause entre 13h00 et 15h00, nous pratiquions notre art non stop. Il s'agissait alors de contrats qui duraient souvent 6 jours d'affilés. Faites le calcul : 42h00 de pratique en conditions réelles sur une semaine... répétées plusieurs fois dans l'année ! Le magicien Mimosa, dans une de ses conférences, insistait sur l'absolue nécessité d'avoir l'occasion de pratiquer tous les jours son métier.

Vous pourrez rapidement faire vos premiers tours de magie. Du plus simple au plus complexe. Mais pour devenir magicien, il vous faudra être patient. En général, il se passe un déclic. Tous les magiciens qui sont passés par là vous le diront : on sait quand ça arrive.

Avec le temps et la pratique, vous développerez vos propres approches. Vos propres textes, mises en scène. Vous vous accaparerez la technique, la théorie et la philosophie de l'art magique. Vous deviendrez indépendant(e). Au final, vous verrez, quelque soit le tour que vous présenterez, vous ferez un tabac. Parce qu'au-delà du tour, vous serez la magie, et c'est là que ça devient intéressant.

Vous voulez un bon conseil ? Pour gagner du temps dans votre démarche, lisez le plus de livres que vous pouvez. La vidéo est extraordinaire pour apprendre la technique. Mais c'est dans les livres que vous apprendrez les vrais secrets de l'art magique.

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Réactions

Pour être expert, il faut donc compter travailler, à raison de 2 à 3 heures par jour, tous les jours - ce qui est énorme même pour une passion - pendant 14 ans. Il faut donc au moins une motivation à tout épreuve. Pas plus que pour des championnats (équitation, échec, J.O.) mais ce n'est assurément pas ce à quoi peuvent aspirer 'le petit magicien du dimanche'! Sans parler du talent, plus difficile à définir, certes, mais indispensable, j'imagine! En vient la question qui s'impose à partir de quel âge il est trop tard pour faire de la magie (semi)professionnellement?

il y a 13 ans

On peut être pro sans être "expert". Je n'ai pas débuté avec toutes les armes, et il faut bien commencer ! J'ai un ami qui s'est lancé à près de 50 ans, il en a fait son métier jusqu'à sa récente retraite. Déjà, si tu aimes ce que tu fais... Ensuite, amuse-toi à créer des histoires, des mises en scène (tu le fais déjà à travers tes vidéos).

il y a 13 ans

en ces temps de fétes quel est le plus vieux des magiciens?
le pere noel bien sur !!!! de bonnes fetes magique a tous hugo

il y a 13 ans

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